Burn-out: Sentiment d’échecs répétitifs, impuissance apprise
Aides de travail appropriées
Sentiment d’échecs répétitifs, impuissance apprise: les nouveaux fléaux qui peuvent conduire au burn-out
Pour autant, si l’on en parle beaucoup, peu d’entreprises ou d'organisations s’attaquent vraiment au problème, comme si, elles étaient devenues elles-mêmes impuissantes à prendre à bras le corps cette situation difficile, aux causes multiples et dont la résolution passe par une remise en question de nombreuses pratiques dysfonctionnantes.
Avec l’apparition du Covid il y deux ans et parfois plus tôt pour certains, un contexte externe anxiogène s’est installé dans nos pensées. Les épisodes climatiques violents auxquels nous assistons, témoins du réchauffement en cours, les tensions sur la scène internationale qui vont jusqu’à la guerre en Ukraine, les nombreuses pénuries vécues et à venir, l’apparition d’un nouveau virus, …bref, de nombreux sujets bouleversent aujourd’hui notre quotidien et alimentent nos frustrations, nos peurs, affectant notre santé mentale.
Avec ce mal-être grandissant, les taux d’absentéisme grimpent dans beaucoup d’entreprises, comme si, chacun avait du mal à reprendre le cours de sa vie et peinait à trouver une motivation suffisante pour retrouver du plaisir dans un quotidien souvent impacté par tous ces changements.
Comme dans toute crise importante, le tableau n’est heureusement pas si sombre : des vaccins développés en un temps record, la possibilité de travailler à distance acquise pour beaucoup de salariés, une plus grande flexibilité dans l’organisation du temps, un nouveau rapport au travail constituent des innovations majeures, des accélérations de progrès formidables.
Pour autant, le sentiment dominant est loin d’être positif et il règne dans de nombreuses entreprises une certaine ambivalence.
D’un côté, on assiste à un engouement pour les sciences humaines et la santé mentale. Les psychologues ainsi que les consultants s’intéressant au bien-être au travail n’ont jamais été autant sollicités.
Attention cependant à ne pas se limiter aux mesures «gadget». Si les services de conciergerie, le baby-foot dans la cafétéria, les cours de yoga à l’heure du déjeuner ou le massage relaxant du dos par des professionnels sont indéniablement positifs, ils ne peuvent en aucun cas servir d’alibi pour masquer les problèmes réels que peuvent rencontrent certains collaborateurs. Il existe encore souvent une surcharge chronique au travail, de multiples rôles donnés en plus du rôle principal (par exemple chef de projet transversal ou manager en plus d’un job opérationnel) et des responsables sans compétences managériales qui instillent un climat d’insécurité.
D’un autre côté, lorsque rien n’a changé en interne (problèmes d’organisation persistants, manque de priorisation, existence d’un management non adapté aux évolutions), les événements extérieurs cités précédemment ont en plus, accrus l’anxiété individuelle, favorisant l’émergence d’un sentiment dépressif, et surtout renforçant un sentiment d’impuissance à garder le contrôle de sa vie.
On peut alors reprendre un concept connu chez les psychologues qui est celui de « l’impuissance apprise » proposé en 1975 par Martin Seligman, psychologue et chercheur américain très connu pour avoir développé la psychologie positive. En quelques mots, l'impuissance apprise décrite par Martin Seligman parle d’un sentiment qui nous envahit et qui consiste à perdre confiance en ses capacités à la suite d’échecs répétés ou à une absence de retour sur investissement. Le stress monte chez l’individu pour éviter d’autres échecs supplémentaires, les émotions négatives dominent et accaparent entièrement le cerveau.
On est en quelque sorte alors programmé pour l’échec et une perte de confiance systématique va s’installer dans le cerveau, tel un cercle vicieux.
Plus les individus perçoivent les événements comme incontrôlables et imprévisibles, plus le stress s’intensifie et plus l'espérance de pouvoir changer quelque chose diminue.
Aujourd’hui ce sentiment d’impuissance face aux événements externes a pris une telle ampleur que certaines personnes peuvent se sentir prises dans un tourbillon incontrôlable qui les dépasse et génère un stress intense. Par exemple, le stress climatique qui touche notamment les jeunes générations renvoie à ce sentiment d’impuissance et d’inaction face à l’urgence du changement climatique.
Au travail également, de nombreux collaborateurs ressentent un sentiment d’impuissance.
Quels sont les facteurs qui peuvent alimenter ce sentiment d’impuissance au travail?
Quand vous avez des objectifs pratiquement inatteignables et sans cesse renouvelés, le sentiment de ne jamais arriver à finir votre travail car de nouvelles priorités viennent s’ajouter, des conflits que vous subissez non résolus ou mal pris en compte, peu de reconnaissance, vous pouvez entrer dans un processus d’impuissance apprise ou de résignation acquise, exactement comme cela a été décrit par Martin Seligman. Perte de confiance, sentiment d’être incapable ou inutile envahissent alors les pensées et se traduisent par des composantes dépressives, d’anxiété décrites aussi dans le burn-out.
Nous pouvons tout à fait faire un parallèle avec le burn-out qui est aussi lié à un processus de stress chronique qui peut apparaître suite à une impuissance apprise ou une résignation acquise telle que décrite par les psychologues.
Quand je ne suis pas au bon poste en lien avec mes compétences, quand j’ai un nouveau manager qui arrive et qui change tout ou critique systématiquement tout ce qui a été fait avant lui, quand je suis en échec dans mes relations au travail ou dans ma communication, je peux développer ce sentiment d’impuissance au travail : «quoique je fasse, je ne peux pas agir sur les événements».
Retrouver l’article complet dans la newsletter WEKA Ressource humaines numéro 10 disponible dès début novembre 2022.