Weka Plus

Régime fiscal: Défis de la répartition intercantonale

Quand un contribuable entretient des liens avec plusieurs cantons, le régime fiscal suisse devient un casse-tête. Entre domiciles multiples, sièges secondaires ou établissements hors canton, la répartition des droits d’imposition mobilise plusieurs juridictions et soulève des questions complexes de compétence fiscale.

17/04/2025 De: Philip Letsch
Regime-fiscal

Introduction

Les personnes physiques et morales sont généralement assujetties à l'impôt sans restriction à leur domicile ou à leur siège. Le régime fiscal applicable peut cependant se compliquer lorsqu'il existe des relations étroites avec plusieurs cantons, par exemple un établissement stable hors du canton ou des séjours prolongés dans une maison de vacances hors du canton. Dans ces situations, différentes juridictions fiscales cantonales sont concernées et il faut procéder à une répartition des droits d'imposition. Dans le cadre de cet article, nous allons présenter de manière synthétique les questions qui peuvent se poser en matière de gestion effective, de siège et de domicile de personnes morales ou physiques dans le droit fiscal intercantonal.

Remarques préliminaires sur le régime fiscal intercantonal

Pour des raisons constitutionnelles, la double imposition intercantonale est interdite1. L'interdiction de la double imposition s'applique aux impôts ainsi qu'aux taxes de substitution à caractère fiscal. Ce droit constitutionnel individuel s'applique aux conflits entre les cantons ainsi qu'entre les communes de différents cantons. Il n'est en principe pas applicable aux situations internationales2 et intracantonales. La double imposition internationale est largement évitée, le cas échéant, par des conventions de double imposition entre les États concernés. Les situations intracantonales sont régies par le droit cantonal.

Les risques de double imposition3 intercantonale résultent du conflit de souveraineté fiscale entre plusieurs cantons. Ils surviennent principalement lorsque les lois fiscales cantonales sont différentes, lorsque des lois fiscales cantonales fondamentalement identiques sont interprétées différemment et lorsque les faits sont évalués différemment. Le régime fiscal dans chaque canton peut ainsi présenter des différences significatives, créant des situations complexes pour les contribuables concernés.

La double imposition intercantonale peut être évitée par des mesures unilatérales du droit cantonal4, des concordats intercantonaux ou des dispositions du droit fédéral. Ces dernières sont principalement issues de la loi sur l'harmonisation fiscale5 et de la pratique du Tribunal fédéral en matière de double imposition. La loi sur l'harmonisation fiscale contient des dispositions relatives à l'harmonisation formelle des impôts directs de la Confédération, des cantons et des communes et constitue une loi-cadre pour les normes matérielles du droit fiscal cantonal. La pratique du Tribunal fédéral en matière de double imposition, en revanche, constitue un droit de conflit de lois, basé sur la jurisprudence (également appelée « droit jurisprudentiel ») et limite la souveraineté fiscale cantonale. S'il existe des liens avec plusieurs cantons, les facteurs fiscaux doivent être attribués aux cantons concernés en fonction des règles de répartition, soit en fonction de l'objet, soit en fonction d'un pourcentage.

Principes de la répartition intercantonale

Dans le droit fiscal intercantonal, on distingue les domiciles fiscaux suivants, à des fins de simplification6:

  • Domicile fiscal principal: en raison d'un rattachement personnel (p. ex. le domicile)
  • Domicile fiscal secondaire: en raison d'un rattachement économique ou de la pratique du Tribunal fédéral
    • Domicile fiscal spécial: lieu de situation de l'immeuble et lieu de situation de l'entreprise
    • Domicile fiscal secondaire: établissement stable7, séjour saisonnier8 et lieu de situation de la famille9

L'application correcte du régime fiscal approprié dépend de l'identification précise de ces domiciles. Les domiciles fiscaux spéciaux ont la priorité sur le domicile fiscal principal et conduisent en principe à une répartition objective des facteurs fiscaux. En revanche, le domicile fiscal principal a la priorité sur les domiciles fiscaux secondaires, ce qui conduit en principe à une répartition proportionnelle des facteurs fiscaux.

S'il existe des domiciles fiscaux dans plusieurs cantons, il faut procéder à une répartition fiscale intercantonale au sens strict et attribuer les facteurs fiscaux aux cantons concernés. En outre, il est nécessaire de procéder à une évaluation temporelle et matérielle.

Une présentation complète des règles de conflit de lois du Tribunal fédéral dépasserait le cadre du présent article. Les principes peuvent toutefois être résumés de manière très simplifiée comme suit10 :

  • Actifs : répartition en fonction de l'objet
  • Passifs : répartition proportionnelle
  • Revenus : en fonction de l'objet (principe) ou proportionnellement (entreprises principalement intercantonales)
  • Éléments négatifs : en fonction de l'objet ou proportionnellement

Pour une répartition fiscale, les facteurs fiscaux doivent être examinés individuellement et répartis selon les règles de répartition applicables.

Lire la suite avec Weka+

  • Accès illimité à plus de 500 aides de travail
  • Tous les articles payants en accès illimité sur weka.ch
  • Actualisation quotidienne
  • Nouveaux articles et aides de travail hebdomadaires
  • Offres spéciales exclusives
  • Bons séminaires
  • Invitations aux webinaires en direct
A partir de CHF 16.50 par mois S'abonner maintenant Vous avez déjà un abonnement W+ ? S'inscrire ici
Newsletter S’abonner à W+