Le concept de résilience: Relever et progresser à travers les défis

Pour certaines personnes, cela semble simple: elles relèvent différents défis – ce apparemment comme si c’était un jeu d’enfant! Elles ne paraissent pas épuisées et ne semblent pas non plus en pâtir. Bien au contraire: apparemment, elles peuvent aussi résister aux conditions désavantageuses, par exemple face au stress des délais dans leur travail, aux conflits privés et aux défaites amères. Cette capacité de résistance s’explique par un phénomène que l’on appelle résilience.

09/10/2024 De: Sonja Kupferschmid Boxler
Le concept de résilience

Quel est le concept de résilience ?

Tel un bambou qui produit des feuilles vertes en plein hiver ou un navire qui affronte le grand large tempête après tempête, ou bien tel un brin d’herbe qui se ploie sous le vent et qui recouvre rapidement son état initial! Le terme de résilience qui vient du latin «resilire» signifie rebondir. Il était initialement utilisé dans le domaine de la physique pour décrire la qualité des matériaux hautement élastiques qui retrouvent leur forme initiale après une déformation. 

L’avantage: appliqué aux êtres humains, la résilience ne représente pas un état statique; elle est un processus sur lequel il est possible d’influencer en conséquence. Parfois, on désigne aussi les personnes résilientes comme des culbutos.

Exemple pratique: Madame A. travaille dans une petite entreprise au sein de laquelle il faut faire face à la pression des délais. Les échéances serrées et la cadence de travail élevée de son supérieur hiérarchique la stresse. Après quelques mois de combat en solitaire, elle se confie à sa collègue. A sa grande surprise, sa celle-ci a le même problème et elles décident donc toutes deux de prendre contact avec leur supérieur afin de discuter des échéances serrées. Madame A. fait ainsi l’expérience suivante: elle a pu en raison des exigences élevées s’adresser à une collègue afin de trouver une solution en commun. Son développement personnel dans le cadre de ce défi consiste à apprendre à ne pas toujours devoir tout régler toute seule.

Questions de réflexion: Quels défis avez-vous déjà relevés dans votre existence et lesquels de ceux-ci vous ont permis de progresser?

La résilience en tant que processus 

Le concept de résilience décrit la capacité à résister aux défis accablants de la vie et à ressortir renforcé et enrichi de ces expériences (Wustmann, 2012). Welter-Enderlin parle de plier plutôt que briser et de l’enjeu principal qui consiste à savoir «comment les hommes réussissent à gérer les événements douloureux tout en étant ébranlés, tel les arbres dans la tempête – mais sans être brisés» (Welter- Enderlin, 2010, p. 11). 

A noter: Il s’agit par conséquent d’une situation dans laquelle le développement est menacé, laquelle est pourtant suivie d’une bonne gestion de ces difficiles circonstances.

Werner et Smith, qui ont accompagné dans le cadre d’une étude à long terme des enfants dans leur évolution sur l‘île de Kauai, font figure de pionniers (1982, 1992, 2001, cité selon Wustmann, 2002). 698 personnes (année de naissance 1955) ont fait l’objet d’une observation, de leur développement prénatal jusqu’à leur 40ème année. Un tiers des enfants qui faisaient partie du groupe à risques sont devenus des adultes performants et attentionnés en dépit d’un contexte de vie difficile. En revanche, les autres enfants ont développé des troubles. 

Il convenait donc de poser la question suivante: comment et pourquoi ces enfants avaient développé de la résilience? De nombreux chercheurs ont identifié les conditions environnementales (facteurs externes) qui semblaient avoir une influence sur le processus du développement de la résilience. Il s’agissait de permettre à l’avenir à tous les enfants d’avoir un parcours réussi (Fingerle, Freytag & Julius, 1999, cité selon Wustmann, 2012). 

Le modèle cadre présenté par Wustmann dans son livre «Résilience – renforcer la capacité de résistance des enfants dans les institutions de prise en charge de jour» (2012), s’inspire fortement du Resilience Framework de l’américaine Karol Kumpfer. Le modèle de Kumpfer «fournit un bon cadre référentiel car il réunit tous les fondements théoriques de recherche dans le domaine de la résilience », selon Wustmann (2012, p. 61). Il s’appuie sur les résultats empiriques d’un grand nombre d’études menées jusque-là et s’avère donc fondé sur des bases scientifiques (v. Kumpfer, 1999).

Exemple pratique: Madame K. pense qu’il est dans les situations de conflit particulièrement important de les analyser dans un premier temps soi-même (ressources cognitives). Elle n’est prête à avoir un entretien explicatif qu’après avoir effectué une profonde analyse. Il en va autrement pour Monsieur F. Il a besoin d’exprimer ses émotions dès le début de la situation de conflit (ressources émotionnelles) et ce n’est que par la suite qu’il veut avoir une explication rationnelle. Cet exemple nous montre que les êtres humains confrontés à des défis, dans notre cas une situation de conflit, les abordent différemment. Dans le cadre de la promotion de la résilience, il ne s’agit pas d’examiner quelle approche est la bonne mais plutôt le comportement adéquat, fonctionnel et constructif pour la personne concernée.

A noter: Il n’existe pas de processus de résilience idéal. La résilience est un phénomène individuel. Chaque être dispose de différentes ressources qui peuvent être développées et exploitées de manière tout à fait individuelle. De ce fait, il n’existe pas de recette miracle pour le renforcement de la résilience individuelle. Ce qui est susceptible de convenir à une personne et se traduit par un développement peut s’avérer complètement inapproprié pour une autre personne. Il est important que la personne concernée apprenne à prêter attention à soi-même et à ses besoins dans les situations de défis, de les prendre au sérieux et de les satisfaire! 

Résilience en entreprise

Ces dernières années, le concept de résilience a gagné en importance dans divers domaines, en particulier dans la gestion des ressources humaines et la santé au travail (Bott, 2014). Cela est dû à l'augmentation constante de la charge de travail à l'échelle mondiale, exacerbée par des évolutions telles que la transformation numérique, la pandémie de COVID-19 et la pression qui en découle sur les travailleurs. Les rapports de l'OMS et d'autres organisations montrent que de plus en plus de personnes souffrent de stress lié au travail, entraînant à la fois des maladies physiques et psychologiques (cf. OMS, 2005, 2010). Les conséquences incluent un nombre croissant d'absences pour maladie, des cas de burn-out, des départs anticipés à la retraite et des coûts croissants pour les entreprises et les systèmes de santé. Les entreprises réagissent de plus en plus en mettant en place des mesures pour promouvoir la résilience, afin de renforcer la capacité de leurs employés à faire face aux défis et de réduire les absences au travail.

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